dimanche 27 mars 2016

Lettre à ma chienne

Aux prémisses de notre relation, l'Homme m'a avoué qu'il avait deux rêves.
Le premier étant de vivre sur une île du Pacifique sud.
Le deuxième étant de vivre avec moi jusqu'à la fin de temps d'avoir un chien.
Un yorkshire précisément. What??
Quand j'imagine un mec avec un yorkshire, j'ai cette image qui me vient immédiatement en tête:


Un peu beauf le truc, nan?.

Tu me diras ça aurait pu être pire:


(je pense surtout aux blagues de Jean-Claude le cultivéturiste quand je dis que ça aurait pu être pire)

Un chien, et plus précisément une femelle qué s'appellorio Poppy.
Comme toi, c'est dingue non???
Un jour (au bout de sept ans), j'ai proposé à l'Homme de réaliser son deuxième rêve.
Il était excité comme un acarien au Salon de la Moquette.

Après moult recherches sur le web (oui, tu es née d'une rencontre sur internet)(en fait de moult recherches tu savais que moult était invariable toi? je l'apprends à l'instant, l'Homme avait consciencieusement rangé un site d'élevage spécialisé in the yorkshire terrier dans ses favoris et comme de par hasard il y avait des chiots à adopter, et pas loin de chez nous en plus, c'est fou comme coïncidence tu ne trouves pas ma chérie!?).

J'ai téléphoné et une semaine après nous étions devant toi, minuscule boule de poil, et d'autres sœurs d'un gabarit plus important et pourtant du même âge.
C'est celle-là que je veux a-t-il dit en te serrant contre lui.
C'est celle-là qu'on prend ai-je dit à l'éleveuse.
Tu connais le principe de la lingerie : moins tu as de matière et plus c'est cher. Je ne savais pas encore que c'était pareil pour les chiens.
La dame m'a dit le prix.
J'ai failli lui répondre que j'avais pas la tête à rire, puis devant son air sérieux qui attend une autre réaction que rire-s'étouffer en déglutissant de travers-s'évanouir-vomir-dire à l'Homme qu'à la SPA y'aurait peut-être le chien de ses rêves qui ressemblerait à celui dans ses bras?, non au lieu de ça j'ai dit ok c'est bon on la prend. On peut payer en plusieurs fois? genre au moins sur 24 mois attends faudrait peut-être que j'en parle avant à mon banquier de cette histoire, t'es vraiment sûr que c'est celle-là que tu veux chéri?
C'est que j'allais devoir en faire des week-ends de garde et des nuits (et on allait en bouffer des pâtes à la fin du mois du 8 au 30)
Alors on est revenu avec toi à la maison et la vie à trois six a commencé (oui j'ai trois chats aussi).

Je ne vais pas m'éterniser sur les difficultés de dressage du début, enfin d'éducation devrais-je dire, les parties interminables de lancer de balle/lapin/renard-qui-couine-quand-on-appuie-dessus qu'au bout de cinq minutes ça me soûle mais que toi tu pourrais y jouer pendant des journées entières, les regards de chien battu pour obtenir ce que tu désires, bref toutes ces petites choses qui font que tu es une chienne plutôt sympathique (et bien élevée finalement).

Et puis il y a eu ce 25 février dernier où tu t'es faite attaquer par un gros chien qui plus que brusque était réellement méchant, où j'ai roulé vite jusqu'à la clinique -avec l'Homme on n'a rien dit pendant 85 kilomètres (bah oui c'est tellement plus marrant quand les accidents arrivent loin d'une clinique vétérinaire), où je n'arrêtais pas de te regarder pour être sûre que ton petit cœur à toi ne s'était pas arrêté de battre, où nous sommes rentrés sans toi à la maison car tu devais te faire opérer en urgence, cette maison qui paraissait bien vide sans ta présence, où je n'ai pas cessé de pleurer en espérant de tes nouvelles, où j'ai marchandé que si tu t'en sortais je jouerais jour et nuit à te lancer la balle, où j'ai ramassé ton renard mort, celui dont je me plains qu'il pue ton haleine de chien de traîneau, et je l'ai reniflé du plus profond que mes poumons -qui eux allaient bien- m'autorisaient à le faire, et entre deux sanglots j'ai dit non ce n'est pas possible que ça s'arrête aujourd'hui après cette belle journée, ce n'est pas possible que tu meures prenez-moi ce que vous voulez mais pas les êtres que j'aime non pas ça pas maintenant ni jamais d'ailleurs je vous en supplie.
Je ne vais pas faire durer le suspense, tu t'en es sortie, une vraie battante, et pourtant ce n'était pas gagné vu la gravité de ta blessure et ta petite taille.

Bon en fait Poppy il faut que je t'avoue... Je regrette un peu de t'avoir promis cette histoire de lancer de balle à n'importe quel moment, je me suis peut-être un peu trop avancée...








mardi 8 mars 2016

Douleur exquise

Je t'avais plus ou moins remarqué cet après-midi là.
Disons que je t'avais vu mais que tu ne m'avais pas non plus sauté aux yeux; il faut dire que tu étais bien entouré. Toi par contre, tu avais apparemment jeté ton dévolu sur moi.
Pourquoi toi et pas un autre? Le hasard de la vie certainement...
J'étais légèrement vêtue, je ne t'ai pas vu arriver. Par contre je t'ai bien senti par derrière.

T'enfoncer lentement mais fermement en moi, dur et lisse, déterminé à aller au plus profond, jusqu'à la garde.
J'ai dit "aïe" sans grande conviction, j'étais surtout surprise, cette douleur fulgurante et brève était-ce toi qui me l'infligeais ou un autre?
Et puis ce sang tout à coup.

Et là j'ai compris.

Je me suis demandée si j'étais bien protégée, avec les maladies qui traînent on ne sait jamais. Que l'on se connaisse ou pas.

Je t'avais malencontreusement marché dessus.

Avis aux démonteurs de palettes du dimanche (ou du lundi) : ne pas faire ça en tongs quel que soit le climat. Mon talon s'en souvient encore.